Coup d’oeil dans le rétroviseur

Lorsque j’ai commencé à rédiger des billets de blog il y a près de 10 ans, j’occupais un poste terriblement ennuyeux en bibliothèque et c’était simplement un moyen de m’occuper. Mon inspiration de l’époque était évidemment l’incontournable Silvère Mercier et son blog aujourd’hui disparu, Bibliobsession.

En faisant de la veille, je suis rapidement tombé sur la constellation d’idées et de pratiques réunies sous le terme « design thinking. » Cela a bouleversé ma vision du travail. Je me suis rendu compte que je souhaitais par dessus tout imaginer des projets, des services et des espaces utiles, utilisables, désirables… et certainement pas me contenter de valider des bons de commande une fois par semaine.

J’ai fini par changer de poste, mais les idées et les envies nées de la découverte du design ne m’ont plus quitté. J’ai continué à rédiger des billets de blog, à explorer (et parfois mettre en pratique) de nouvelles idées qui semblaient s’enchaîner naturellement : les démarches participatives, l’UX, la pensée visuelle, le merchandising, les classements non Dewey, le modèle des 4 espaces… Tout cela formait un paysage cohérent.

Au fur et à mesure des années, j’ai eu la chance de croiser des personnalités fortes qui suivaient des sillons parallèles et qui m’ont conforté dans l’idée que j’étais sur la bonne voie. Je pense par exemple à Nathalie Clot (directrice des BU d’Angers), Claire Chickly (un temps chargée de mission innovation à la BnF) ou Alexia Jacques Casanova (consultante spécialiste des lieux culturels et de la participation des publics).

En 2019, j’ai quitté (un peu la fleur au fusil) la fonction publique pour devenir consultant et formateur indépendant. Dans les projets pour lesquels on me sollicitait, je souhaitais rester fidèle à un grand principe du design thinking : une idée ne vaut rien tant qu’on ne la rend pas tangible. En bibliothèque, cela impliquait de se frotter à la question des espaces physiques.

Les projets d’aménagement sont vite devenus prédominants dans mon activité. C’était encore une nouvelle bifurcation professionnelle. Cette direction (pas totalement anticipée) me convenait, sauf que ce type de projet est souvent laborieux, frustrant et surtout… long et chronophage. Pour m’y consacrer sérieusement, je ne pouvais pas continuer d’animer une trentaine de formations par an. Je ne pouvais pas non plus basculer entièrement dans une activité liée aux espaces et me décréter d’un coup designer ou architecte.

Il fallait donc à la fois changer d’échelle et se réinventer.

Chemins faisants ?

Chemins faisants est une réponse à cette situation. C’est une agence de conseil et de design, dont la vocation est de créer des tiers-lieux, en particulier des bibliothèques publiques qui se reconnaissent dans ce concept. J’aime bien parler plus simplement de lieux inspirants : des lieux pensés pour les gens, qui éveillent la curiosité et interpellent les sens.

L’ambition de l’agence est de jouer sur deux tableaux simultanément, en proposant à la fois des accompagnements stratégiques (diagnostics de territoire, projets d’établissement) et des prestations liées aux espaces (audits, programmation, aménagements, réaménagements) afin de rendre tangibles des stratégies qui resteraient sans cela purement abstraites. Les projets idéaux sont ceux qui mêlent ces deux facettes. Notre première mission menée sous la bannière Chemins faisants est le réaménagement de la médiathèque de Landerneau dans le Finistère, un beau projet qui répond pas mal à ces critères grâce à la vision portée par Hélène Fouéré, sa directrice.

En complément de la stratégie et des espaces, Chemins faisants a un troisième volet d’activité : la formation des professionnels, et plus largement le partage d’idées, de bonnes pratiques et d’outils. Le Recueil factice a été intégré au site de Chemins faisants parce qu’il s’inscrit pleinement dans cette perspective. Fidèle à la philosophie d’origine du blog, tous les contenus continuent d’être diffusés sous licence Creative Commons BY-NC-SA pour en faciliter le partage.

Créer une véritable entreprise me permet de travailler désormais en équipe. Christelle Tripon a repris une grande partie de mon activité de formation. Nous collaborons ensemble depuis un an. Peut-être l’avez vous déjà croisée ? Sinon, vous retrouverez le programme de nos formations à venir ici. Plus fraichement embarquées dans l’aventure Chemins faisants, j’ai sollicité Camille Lefebvre pour nous donner un coup de main sur les projets stratégiques et Eloïse Coron pour la conception et l’animation d’ateliers. Camille et Eloïse ont également une activité de facilitatrices et de formatrices indépendantes : jetez un oeil sur leurs profils LinkedIn.

J’arrive au bout de ce billet. Avant de vous quitter, je dois remercier les personnes qui ont créé l’identité visuelle de Chemins faisants et le site web sur lequel vous êtes en train de naviguer : Graphéine a imaginé le logo, Louise Laurent a dessiné les illustrations, Minh de l’agence Milega a développé le site web.

Pour finir, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour le premier vrai billet du Recueil factice nouvelle version. Il me permettra de vous présenter un très beau projet de réaménagement d’une section jeunesse, mené de main de maître par une bibliothécaire passionnée. Je n’en dis pas plus… ça s’appelle un teaser 😉