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Le Recueil Factice
Le Recueil Factice

Les lubies d’architecte en bibliothèque

Nicolas Beudon
Dans ce billet, je vais énumérer des partis pris d'aménagement en bibliothèque qui méritent selon moi d'être abandonnés ou réformés. J'assume une part de subjectivité ou "d'obsession personnelle" dans mes observations ! N'hésitez pas à me dire en commentaire si vous êtes d'accord ou pas avec moi.
Depuis que j’ai quitté la fonction publique pour devenir consultant, la question des espaces en bibliothèque publique occupe une place croissante dans mes missions, jusqu’à représenter la totalité de mes projets en 2022. La prestation que je réalise le plus fréquemment est un audit de l’aménagement intérieur d’un établissement, couplé à des recommandations d’évolution. J’ai réalisé une dizaine de missions de ce type en 3 ans, ainsi que quelques projets de programmation, d’aménagement ou de réaménagement.

Une chose me frappe avec ce recul relatif : la récurrence de certaines observations. Dans les bibliothèques construites en gros depuis 1995, il y a certains traits qui reviennent sans cesse. Ce n’est pas un hasard : ils sont caractéristiques d’un modèle, celui de la « médiathèque à la française ».

Certains de ces traits ont mal vieilli ou sont bancals depuis le début, en tout cas de mon point de vue. Je vous propose d’en énumérer quelques uns au fil de 3 billets de blog. Le premier, que vous avez commencé à lire, sera consacré à l’architecture, le deuxième au mobilier, et le dernier à la typologie des espaces.

Le jardin intérieur

Le premier point que je souhaite aborder ne va probablement  pas faire consensus, car je vais être sévère avec un dispositif qui a pourtant tout pour plaire.

Beaucoup de nouvelles médiathèques construites depuis 20 ans comportent un jardin intérieur, un patio ou un atrium. Ce « vide central » part d’une bonne idée : introduire de la lumière naturelle, un accès à l’extérieur et un contact avec des végétaux au sein des espaces intérieurs. En architecture, on sait que ces choix ont un effet positif sur le bien-être des occupants (c’est ce qu’on appelle la biophilie). Ce type d’espace peut également être exploité pour des animations, depuis la simple lecture en plein air jusqu’aux ateliers potager…

Dans les faits cependant, les patios posent fréquemment des problèmes d’isolation et d’entretien. Leur accès est souvent bloqué une grande partie de l’année pour des raisons météorologiques. Plutôt que d’introduire de la vie en bibliothèque, ces zones fonctionnent au final comme les jardins fermés des cloîtres : ce sont des éléments simplement décoratifs et contemplatifs. Je n’ai rien contre l’idée du recueillement… mais de façon très pragmatique, dans un lieu public tel qu’une bibliothèque, qui doit accueillir des usages toujours plus variés tout en conservant des collections, les mètres carrés sont une ressource précieuse et les jardins intérieurs sont presque toujours de l’espace perdu.

Étant donné que l’on cherche aujourd’hui à faire des bibliothèques des lieux de vie, il me semble bien plus intéressant d’installer en leur cœur des espaces de sociabilité polyvalents, avec par exemple un café ou un grand salon, des chaises faciles à déplacer et des canapés confortables, utilisables quelle que soit la météo, une scène pour des rencontres et des évènements, etc. (c’est le principe du « carré commun » dans le modèle danois des 4 espaces).

Exploiter les espaces extérieurs reste une excellente idée, mais je préfère personnellement les terrasses (ouvertes sur la rue, comme des terrasses de café) ou les jardins attenants (accessibles et visibles des passants) aux espaces ouverts enclavés à l’intérieur.

Un exemple de patio dans un hôtel de l’enseigne CitizenM (au design par ailleurs remarquable conçu par Concrete)

L’escalier monumental

Le principe du « vide central » peut connaitre une variante plus pompeuse que le jardin intérieur. Dans les établissements de plus de 2000m2 (comme certaines BMVR ou certaines BU), on retrouve souvent un escalier monumental assorti d’un vide toute hauteur. Les plateaux de chaque étage sont typiquement disposés autour d’un puits central ou de la trémie de l’escalier. L’intention architecturale consiste encore une fois à introduire un vide imposant à caractère quasi-religieux. L’exemple le plus excessif est probablement l’escalier colossal de la BnF conduisant au niveau rez-de-jardin (la BnF est également un bon exemple de jardin intérieur questionnable).

Ces gestes architecturaux perpétuent des métaphores spatiales datées : le savoir comme ascension, la verticalité de la culture, la bibliothèque publique comme cathédrale laïque, etc. Tout cela est assez peu en accord avec l’idée d’un lieu de vie inclusif, horizontal, facile d’accès et accueillant, à laquelle beaucoup d’établissements aspirent désormais.

Si l’on souhaite traiter les circulations verticales de façon spectaculaire, il y a un autre concept que j’apprécie davantage : l’escalier gradiné. Ce dispositif est intéressant car il permet de transformer une zone de circulation en espace polyvalent propice au « squat ». L’architecte Herman Hertzberger, qui est probablement à l’origine de la mode des escaliers en gradins, les considère comme des « mondes de marches » (source) que l’on peut habiter de mille façons, plutôt que comme de simples circulations.

Cette philosophie me semble plus en accord avec le concept de tiers-lieu, mais aussi avec les usages réels du public. Comme le constate Luigi Failla, « ces zones [grands escaliers, grands paliers], initialement destinées aux connexions, sont désormais constamment habitées par des usagers qui en profitent non seulement pour faire une pause ou un appel téléphonique interdit dans l’espace de travail, mais aussi pour lire ou étudier. Tout cela arrive de façon spontanée, sans que ces espaces soient pensés ou équipés pour ces usages. » (L. Failla, Du Livre à la ville, MetisPresses, 2017)

Un escalier en gradin utilisé comme assise lors d’un conférence (bibliothèque LocHal, Tilburg, conçue par Mecanoo)

Les baies vitrées

Autre lubie d’architecte qui fait le désarroi des bibliothécaires : les grandes baies vitrées. Beaucoup de bâtiments récents prennent la forme d’immenses boites transparentes. Un projet de nouvelle bibliothèque à Milan ressemble même à une grande serre. L’idée sous-jacente est que les bibliothèques à l’ancienne sont des lieux obscurs, vermoulus, poussiéreux et réservés à certains publics, qu’il faut éclairer, désocculter et ouvrir sur l’espace public… Ce n’est pas complètement faux mais comme beaucoup d’idées pertinentes, elle perd de sa force lorsqu’elle est appliquée avec un trop grand systématisme. L’excès de vitres peut poser 3 problèmes :

  • une luminosité et/ou une chaleur excessive à certaines périodes,
  • une dégradation accélérée des documents exposés trop frontalement aux rayons du soleil (même avec des filtres anti UV),
  • des contraintes fortes sur l’aménagement intérieur, en l’absence de murs utilisables pour adosser des rayonnages.

Si toutes vos cloisons sont vitrées, vous serez probablement contraint d’installer vos rayonnages au milieu de l’espace, en épis successifs, comme dans une réserve. Ce type d’implantation produit des zones ennuyeuses et monofonctionnelles. Lorsque, par dessus le marché, les rayonnages arrivent à hauteur des yeux, ils bouchent complètement les perspectives. La transparence gagnée grâce aux vitres est totalement perdue dans les espaces intérieurs qui sont saturés de meubles…

Exploiter les cloisons pour installer les rayonnages permet de dégager l’espace (illustration : la bibliothèque Mercatorplein, dans le réseau d’Amsterdam, conçue par Mecanoo, encore une fois)

Les espaces incolores, homogènes, cliniques

Dans le même ordre d’idée que les vitres, les architectes utilisent souvent un autre stratagème peu habile pour « dépoussiérer » les bibliothèques, qui consiste à dessiner des espaces blancs, lisses, homogènes et, pour tout dire, cliniques.

Ce style, façon « Apple store », était à la mode il y a 15 ou 20 ans, lorsque les bibliothèques voulaient avant tout être perçues comme « modernes » et « multimédia ». Il renvoie aussi à une conception traditionnelle de la bibliothèque : au XVIIe siècle, Gabriel Naudé écrit l’un des tout premiers traités de bibliothéconomie avec son Advis pour dresser une bibliothèque. Pour l’aménagement intérieur, Naudé prescrit une grande sobriété, qui vise à détacher les bibliothèques du bric-à-brac et du décorum des cabinets de curiosité, afin d’en faire des lieux plus fonctionnels.

400 ans plus tard, le public et les professionnels ont désormais d’autres attentes : on apprécie les lieux chaleureux, les aménagements « comme à la maison » avec des motifs, des textures, des matériaux naturels, qui rendent les durées de séjour élevées plus agréables. Les architectes restent attachés au blanc pour des raisons compréhensibles mais pas toujours avouables : un espace neutre nécessite en effet beaucoup moins de travail de conception (pas besoin d’intégrer dans l’équipe des compétences de design d’intérieur ou d’engager avec le client de laborieuses discussions sur le choix des couleurs). C’est également l’écrin idéal pour mettre en valeur un « geste architectural » ou de beaux volumes…

Dans certaines bibliothèques actuelles de type tiers-lieu, comme celles qui sont aménagées par Aat Vos au nord de l’Europe, on revient au contraire vers une esthétique de cabinet de curiosité, avec des objets de décoration, des bibelots, des sculptures, des néons, du mobilier aux formes atypiques ou biscornues, des coins et des recoins, des points de lumière localisés d’intensité variable plutôt qu’un éclairage homogène (voir l’exemple de la bibliothèque Stovner à Oslo dans la vidéo ci-dessous).

Cela signifie-t-il que l’ergonomie chère à Naudé doit être sacrifiée ? Pas forcément. Des couleurs ou des éléments décoratifs peuvent au contraire fonctionner comme une signalétique intuitive qui contribue à rendre les espaces plus lisibles et plus faciles à explorer. Un lieu monotone, dépourvu d’aspérités, d’éléments remarquables, est non seulement moins chaleureux mais il est aussi moins utilisable.

Les visuels d’architecte insincères

Avec mon commentaire suivant, je vais m’éloigner un peu des espaces finalisés pour évoquer la phase de conception. Au stade du concours, de trop nombreux architectes fournissent des vues en perspective qui sont insincères car elles ne comportent aucun rayonnage et aucun document. Cette mauvaise habitude a deux conséquences fâcheuses :

  • D’abord, les projets retenus n’ont rien à voir avec les réalisations finales. Les gigantesques espaces aérés, les grands salons avec canapés, ont cédé la place à d’ennuyeux alignements de rayonnages. Souvent, les qualités perçues dans les visuels (et qui ont abouti à la sélection du projet par certains acteurs naïfs) ne sont plus du tout présentes une fois l’aménagement intérieur livré…
  • L’absence de mobilier sur les croquis des architectes signifie aussi qu’il n’y a en fait pas eu de leur part de réflexion globale sur les espaces. Ils se sont contentés de dessiner de jolies boîtes vides. Le mobilier va être une strate supplémentaire qui arrivera plus tard dans le projet, en se juxtaposant aux volumes dessinés par l’architecte, ce qui aboutira souvent à un clash.

Pour ne stigmatiser aucun projet, je ne mettrai pas d’illustration, mais une rapide recherche Google images vous permettra de découvrir des dizaines de projets où les rayonnages sont soit totalement absents soit représentés en quantité ridicule, n’ayant rien à voir avec la réalité des collections.

Dans une bibliothèque, tiers-lieu ou pas, les collections sont un élément fondamental et structurant dans les espaces. Il est impossible de les « zapper ». La mission mobilier ne devrait, selon moi, jamais être disjointe de la conception du bâtiment. Il faudrait systématiquement imposer aux architectes d’intégrer dans leur équipe une compétence réelle en design d’intérieur et demander au stade du concours des vues comportant des rayonnages en quantité conforme au volume de collection attendu (à ce sujet, voir le commentaire de Xavier Galaup, au bas de cet article, et la réponse où je précise mon point de vue).

Les programmes architecturaux qui oublient les usages

Cette dernière partie qui conclut mon billet va porter sur l’apport des programmistes, qui interviennent avant les architectes. En gros, le rôle du programmiste est de définir le cahier des charges de l’architecte.

Pour décrire un nouveau lieu tout en laissant aux architectes leur liberté de création, les programmistes produisent généralement des diagrammes fonctionnels où les futurs espaces sont représentés sous forme de « patates. » Chaque patate correspond à une unité fonctionnelle et spatiale (« hall », « section jeunesse », « salle de formation ») dont les caractéristiques techniques sont décrites de façon détaillée : surface, effectif, équipements, connexions, etc. Le rôle de l’architecte va être de transformer ce schéma abstrait en volumes bien concrets.

Un exemple fictif de diagramme fonctionnel

Le problème, c’est que ces « fonctions » sont souvent bien trop abstraites ou rudimentaires. On esquisse de gros blocs sans tenir compte des usages fins du futur public. Prenons l’exemple d’une section jeunesse : elle va être définie par une surface, un volume de collection, une typologie de mobilier, etc. Or, il arrive souvent que ces espaces destinés aux plus jeunes soient investis par des adolescents plus âgés qui apprécient l’aménagement ludique, les assises près du sol, etc. On aboutit alors à des conflits d’usage : les pratiques réelles ont débordé les fonctions théoriques.

Pour prévenir cet écueil, les programmistes démarrent traditionnellement leurs projets par une phase de recueil des besoins sous forme d’entretiens. Or, un utilisateur est rarement capable de décrire lui-même ses propres besoins. Quel bibliothécaire est capable d’anticiper le comportement du public dans un nouveau lieu, de dire combien de documents par m2 il souhaite proposer ou quelle surface est nécessaire pour son bureau ? Dans ces exemples, comme dans beaucoup d’autres, les programmistes vont se contenter d’appliquer des normes qui peuvent se révéler inadéquates.

Les espaces pro sont presque toujours sous-dimensionnés par exemple car on applique des recommandations pensées pour des espaces tertiaires en oubliant les spécificités du métier (comme le stockage de documents à traiter ou le passage de chariots). D’autres fois, les zones de collection sont dès le programme trop remplies parce qu’on applique le ratio de 100 documents par m2 (un chiffre qui valait dans les bibliothèques des années 90 mais qui est bien trop élevé lorsqu’on veut éviter d’ériger des murs de livres).

Parfois, la phase de recueil des besoins vire à l’excès inverse et prend la forme d’une liste de souhaits décousue. Dans un projet sur lequel j’ai travaillé, le programme comportait une galerie d’exposition. Cette fonction secondaire aurait pu être intégrée dans un espace polyvalent. Elle s’est vue dotée d’une salle dédiée, car elle a été demandée de façon insistante par un élu dont c’était le dada. Dans le même projet, il manquait en revanche des éléments absolument vitaux… simplement parce que personne ne les avait demandés avec suffisamment d’insistance ou d’autorité : comme une salle d’étude (la bibliothèque disposait d’un important fonds patrimonial) ou un espace collaboratif, d’ateliers ou de travail en groupe… Ces espaces ont été rajoutés en catastrophe juste avant le démarrage du chantier, au prix d’ un surcoût important.

Pour concevoir une bibliothèque aujourd’hui, raisonner en terme de fonction, se contenter de recueillir des besoins via des entretiens, et appliquer des ratios sans les questionner n’est plus suffisant. Pour penser des espaces adaptés aux usages, il faut faire évoluer les méthodes et les outils :

  • en utilisant des notions comme les 4 espaces (et les bonnes pratiques associées) qui permettent de raisonner de façon moins primaire que 1 fonction = 1 zone ;
  • en complétant le recueil des besoins sous forme d’entretiens avec d’autres méthodes qui ne sont pas exclusivement verbales, qui permettent de recueillir un matériau plus riche et d’inclure plus de parties prenantes : observation ethnographique, immersion, atelier participatif ;
  • en complétant les normes quantitatives avec des outils plus qualitatifs, sensibles et narratifs : prototype rapide, scénario d’usage, pensée visuelle, storyboard…

Bref, il s’agit de raisonner en termes d’expérience utilisateur (ou « UX ») plutôt que de fonction ou de forme. Dans certains métiers, cette approche est devenue une évidence : dans le développement informatique, plus personne ne pense qu’il suffit de réunir toutes les fonctions nécessaires ou de créer une interface tape-à-l’œil pour qu’une application soit un succès. En architecture, il y a encore du boulot. Comme l’observe Sarah Williams Godhagen, « les étudiants [en architecture] sont généralement récompensés pour les gestes spectaculaires, les formes qui captent l’attention, les design qui ont un maximum d’impact visuel […]. Dans ces circonstances, tout ce qui concerne l’expérience utilisateur […] a tendance à passer au second plan. » (Sarah Williams Godhagen, Welcome to Your World, How the Built Environement Shapes our Lives, Harper, 2017)

En bibliothèque, la notion d’UX commence à faire son apparition dans certains cahiers des charges d’AMO. Au-delà des bibliothèques, on parle de plus en plus de « maîtrise d’usage » en complément de la maîtrise d’œuvre et de la maîtrise d’ouvrage. En réponse à ces nouvelles demandes, on voit apparaître de nouveaux acteurs qui bousculent les habitudes de programmation.

J’aime par exemple beaucoup le travail qui a été réalisé par Angélique Robert et Sabine Zadrozynski afin de concevoir un nouveau tiers-lieu (comportant une bibliothèque) pour la commune de Plaine-Haute dans les Côtes d’Armor. Le recueil des besoins a pris la forme d’une « kermesse citoyenne », où toutes sortes de dispositifs sensibles ont été mobilisés pour permettre au public de s’exprimer et de se projeter dans le futur lieu, sans nécessiter de compétences techniques (voir la video ci-dessous).

Les besoins identifiés ont ensuite été représentés dans un « plan d’usage » figurant différents niveaux d’engagement du public, différentes postures, plutôt que des zones fonctionnelles classiques. Le travail d’Angélique et Sabine ne se substitue pas à celui d’un programmiste, qui conserve une expertise unique en matière d’étude de site, d’économie de la construction, de formalisation et de suivi d’un projet architectural, mais il ajoute une couche d’expertise supplémentaire axée sur les usages (avec dans ce cas précis une attention particulière portée à la participation du public).

Ce type de démarche (partir des usages réels, des besoins et des aspirations du public) est selon moi le modèle à suivre pour réinventer intelligemment le lieu bibliothèque, pour arrêter de copier-coller ad nauseam le même langage formel (jardin intérieur, escalier monumental, baies vitrées, rayonnages en épis, intérieur chromophobe…) et pour renouveler un « modèle médiathèque » désormais daté.

Le plan d’usage réalisé par Angélique Robert et Sabine Zadrozynski pour le nouveau tiers-lieu de Plaine-Haute (Côtes d’Armor)

8 Commentaires

  1. Rolf Hapel, Library Consultant and Affiliate Instructor at iSchool UW

    Thank you for a very fine article. I find it very illuminating and though I might not agree in all aspects (e.g. overlooking the harbour from the enormous bay windows of my previous work space, Dokk1 in Aarhus, Denmark, is a tremendous success among the users of the library), I find your analyzis thoughtprovoking and super interesting. I particularly like the process part with the ideas of including more stakeholders through use of ethnographic observation, immersion, participatory workshops. Those are methods we have used in the planning of Dokk1 and methods that are taught e.g. at iSchool, University of Washington in Seattle (e.g. L547 Design Methods for Librarianship or L577 Participatory Design in Libraries).
    A toolkit for Design Thinking for Libraries was published in 2015 in a partnership between Chicago Public Library, Aarhus Public Libraries,Denmark, and the design bureau IDEO. It is based on observation of over 40 librarians across 10 countries, and synthesized learnings from their initial design experiments. The toolkit is free and the french version is here:
    http://designthinkingforlibraries.com/

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    • Nicolas Beudon

      Dear Rolf, thank you for your comment. I know the design thinking for libraries toolkit very well because… I translated it in french a few years ago 😉

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  2. Galaup

    Bonjour Nicolas,

    Merci pour ce billet très éclairant. J’émettrais un bémol sur le fait de confier la mission mobilier aux architectes. En faisant ainsi, on se retrouve à chaque fois avec des banques de prêt inutilisables malgré toutes les négociations tentées… c’est un geste architectural, on se retrouve avec du mobilier certes design mais très cher, type Vitra, ou telement imbriqué au geste architectural que cela rend difficile voire impossible toutes évolutions dans le temps, voir la Médiathèque André Malraux à Strasbourg où une ligne rouge au sol se poursuit dans les rayonnages.

    Oui pour que les architectes fassent des propositions avec des rayonnages dans le cadre des concours. Non pour leur confier la mission mobilier. Oui pour une collaboration entre les architectes, le prestataire mobilier, nous et, si possible, les usagers.

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    • Nicolas Beudon

      Bonjour Xavier,

      En fait, je suis pas mal d’accord avec ton observation : les archis qui dessinent du mobilier pour souligner le « geste architectural » sans proposer quelque chose de fonctionnel, c’est classique.

      Le problème, c’est que quand la réflexion sur le mobilier arrive après la conception du bâtiment, il est souvent trop tard : des choix essentiels sont verrouillés, des intentions contradictoires se juxtaposent et on arrive à des incohérences (exemple : du mobilier devant des vitres). C’est une situation dans laquelle je me suis retrouvé plusieurs fois lorsqu’on m’a confié une AMO aménagement intérieur et ce n’est satisfaisant pour personne.

      Je précise l’idée suggérée dans l’article : pour moi, l’idéal est de confier la création d’un nouveau lieu à une équipe mixte composée d’un architecte, d’un designer d’espace, d’un expert des usages, et il faut ajouter une compétence graphique pour la signalétique et le branding. Une telle équipe est pour moi la garantie d’une cohérence maximale.

      Le problème c’est que même quand on a envie de procéder ainsi, on se laisse trop facilement balader par les cabinets d’archi qui affirment avoir toutes les compétences en interne. C’est presque toujours faux. Il faut qu’on apprenne à faire travailler de vrais groupements d’entreprises avec des compétences complémentaires pour améliorer nos lieux.

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  3. Mina Bouland

    Merci pour ce billet que j’ai hâte de faire découvrir aux étudiants de licence pro lors d’un cours intitulé « valorisation des espaces et des services » !
    D’accord avec tout sauf pour le jardin intérieur qui pour moi ne doit pas être considéré simplement comme une zone géographique mesurée en mètres carrés. Mais tu le dis dans ton billet en parlant de son impact : luminosité, bien-être… alors je ne comprends pas pourquoi tu préfères remplacer le jardin intérieur par une terrasse. Ce sont les mêmes mètres carrés considérés comme perdus mais ailleurs, pas en plein milieu.
    Moi ce que j’aime c’est justement la situation centrale de ce patio et le rayonnement qu’il peut directement avoir.

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    • Nicolas Beudon

      Merci pour ton commentaire Mina.

      En matière d’aménagement intérieur, je ne pense pas qu’il y ait de recettes ou de règles toutes faites, valables en tout temps ou en tout lieu. Par conséquent, certaines de mes affirmations méritent sans doute d’être nuancées, et il y a aussi une part de goût personnel.

      Mon avis sur les patios vient surtout de plusieurs exemples bien réels ou non seulement l’accès au patio est barré (pour des raisons de sécurité, de météo, etc) mais où même les vitres finissent par être occultées par des rayonnages. Dans ce cas, c’est vraiment de l’espace 100% perdu.

      Je préfère les terrasses accessibles de l’extérieur et donnant sur la rue exactement comme les terrasses de café (j’ai ajouté cette précision dans mon article) parce que, même si la bibliothèque n’en fait rien, certains usagers peuvent s’approprier cette zone, squatter, se poser, attendre l’ouverture, etc.

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  4. ros

    Patty Ros
    je découvre cet espace d’échanges et je me permets d’y apporter une réflexion; Objectivement tout cela semble ouvert à discussion. Manque à mon sens , l’approche des personnes agées, qui souhaitent intégrer ces espaces de culture et de connaissance, et qui ne seront pas tentées par l’option open space , mais plutot dans le souhait d’espaces pensés comme des sortes d’ilots phoniques , habitacles individuels , sorte de cocons , confortables, avec du mobilier adapté , ouverts cependant sur l’espace de vie . Objectif : ‘éviter l’isolement à la maison, tout en gardant le contact sur la vie et le mouvement alentour. Merci de ne pas oublier ces personnes seules qui pourraient retrouver du lien à travers la lecture à la bibliothèque.( il yb a bcp à dire sur Le mobilier qui pose de grandes difficultes d’assises et de maintien du corps des personnes agées , et ce à partir de 65 ans!). Le déplacement à la bibliothèque prend du temps dans la vie d’une personne agée, et il est pensé comme une occupation et un emploi du temps à part entière, dans une journée . c’est tout un programme et une fete en meme temps ;
    Sujet soumis à reflexion!

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  5. denis

    Bonjour,

    bravo pour ces réflexions pleines de bon sens.
    Ayant souvent à faire avec des architectes dans ma profession et mon établissement, que malheureusement je ne peux pas citer en raisons de règles de déontologie (je suis fonctionnaire), je constate que bien souvent hélas le « geste architectural » prime sur le confort des usagers .. et des personnels travaillant sur place.
    Les architectes sont très fort dans un domaine : mettre leur ego en avant ! D’où les aberrations que vous citez, dont un des exemples flagrants est la Bibliothèque Nationale de France, site de Tolbiac : jardin intérieur, qui certes permet l’entrée de lumière, mais qui n’est finalement plus ou mal entretenu, quand il ne sert pas de lieu de suicides (son ouverture en terrasse étant mal sécurisé, c’est un endroit idéal pour se jeter dans le vide)…, espaces vitrés sur 18 étages , avec des volets pivotants à l’intérieur, certes, mais qui font perdre énormément de mètres carrés, escalier monumental (des mètres cubes de perdus en masse) , difficulté à chauffer en hiver, à rafraichir en été, mépris des règles de conservation préventive des collections, mobiliers dessinés par l’architecte , irréparable , voir inchangeable, après ces 25 ans d’utilisation, ampoules de lampe des tables de lecture impossible à changer sans avoir à démonter la table (c’est pratique n’est-ce pas ?), sans compter le système de distribution des ouvrages entre les différentes salles, les chariots sur rail suspendu, qui n’a cessé de causer des ennuis (mise au point laborieuse, dysfonctionnements, pannes … quel cout au bout de 25 ans , y ‘a t’il un apprenti énarque qui voudrait se pencher sur cet unique sujet pour son mémoire d’études ? Ça serait intéressant de savoir la quantité d’argent public dépensé rien que pour cet équipement).
    Et pourtant l’architecte, peut-être devrais-je dire le « Créateur » , vu l’ego du personnage, continue d’être encensé pour ce projet.
    Allez sur place, et demandez aux gens qui travaillent sur site ce qu’ils en pensent …
    Non non non , je ne travaille pas à la BNF, mais je connais beaucoup de personnels y travaillant. Moi je travaille dans un musée, et le problème d’ego architectural y est aussi développé, hélas, avec autant incompétences sur ce qui fait un musée, et surtout sur ses contraintes d’exploitation.
    Mesdames et Messieurs les architectes, sachez qu’il y a d’autres « Sachants » que vous, apprenez à faire profil bas, et surtout à écouter et comprendre les besoins de l’exploitant.
    A ce sujet, cher Monsieur Beudon, une précision : les programmistes sont des .. architectes spécialisés … ceci expliquant hélas cela.
    Encore merci pour votre coup de gueule, ça fait du bien de savoir qu’il y a encore du bons sens.

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